Robert Badinter, le célèbre abolitionniste de la peine de mort, a demandé et obtenu, en tant que ministre de la Justice, l’amnistie du PDG de la société suisse Givaudan, Mr Flahault, responsable de la mort et de l'invalidité de plus de 200 bébés par le talc Morhange de cette société. Un accusé qu'il défendait lors du procès... ayant été longtemps un avocat d’affaires ("baba" pour les flics et les voyous), défendant les grands de ce monde et les dirigeants d’entreprises au nom célèbre. Voir notamment la milliardaire Christina Von Opel, trafiquante internationale de cannabis. L’analyse de la poudre avait révélé une « teneur exagérée en hexachlorophène » (dit « G11 » à hauteur de plus de 6 % du talc), un puissant bactéricide neurotoxique qui n’était même pas classé « dangereux » par le ministère de la Santé. Pourtant, un test effectué sur un chien se révélera sans appel : l’animal meurt en deux heures, après fièvre, brûlures, tremblements, oedème papillaire, paraplégie, convulsions et coma. Le manque de contrôle sanitaire était criant : désordre et saleté régnaient dans certains locaux, des ouvriers savaient à peine lire et ne faisaient pas vraiment la différence entre sacs de talc et fûts de G-11, au point de les mélanger. L’enquête démontra que la société qui fabriquait le G11 avait délibérément caché la dangerosité de son produit, que la société Morhange, propriétaire de la marque et filiale de la puissante multinationale Big pharma Hoffman-Laroche, distribuait le talc après l’avoir fait conditionner par une entreprise intermédiaire, sans aucun contrôle. Or, le talc était très courant : on le vendait en pharmacie, dans les épiceries, les rayons des supermarchés... et on l'offrait même aux jeunes mères dans les maternités qui le saupoudraient sur les fesses de leurs bébés. Le ministre de la Santé, Robert Boulin, prévenu en mai du grave danger à l’étranger, ne prend aucune mesure de précaution jusqu’à la catastrophe deux mois après. Mais la responsabilité de l’État ne fut pas établie, ni celle d’Hoffman-Laroche, condamnée malgré tout pour abus de position dominante par la CJCE quelques années après dans une autre affaire. Givaudan, qui commercialise l'hexachlorophène en France, tente d'étouffer l'affaire, en proposant aux victimes, en échange du retrait des plaintes, une indemnisation que beaucoup accepteront. Ce qui n'est pas sans rappeler, parmi tant d'autres, l'accord de 8,9 milliards signé le 5 avril 2023 par le groupe pharmaceutique Johnson & Johnson pour clore l'affaire l'incriminant sur la fabrication d'un talc jugé responsable de cancers. Tous les inculpés sont condamnés à des peines de prison avec sursis, puis réduites en appel avant d’être amnistiés. Ce n’est qu’en 1991, près de vingt ans après les faits, que les familles, n’ayant cessé de crier à l’injustice, seront indemnisées par l’État. Des victimes qui souffrent toujours de lourds handicaps. «Les victimes du talc Morhange présentent des capacités éducationnelles inférieures», indique le Dr Gilbert Martin-Bouyer, responsable de l'étude et qui en août 1972 avait identifié les causes de l'intoxication. Elles connaissent notamment des troubles, parfois importants, dans l'acquisition du langage, de la lecture et de la mémorisation. L'étude note également que certaines lésions du système nerveux central sont irréversibles et laisseront subsister des handicaps neurologiques majeurs. «Elle prouve donc que l'intoxication a eu des effets à long terme, contrairement à ce qu'ont affirmé à l'époque les fabricants». L'abolitionniste de la peine de mort a donc aussi été un "abolitionniste de crimes sur enfants". Sources : + blogs.mediapart.fr/jean-claude-wa… + youtu.be/Iqw3KRreY-g?si… + lemonde.fr/blog/moreas/20… + archive.wikiwix.com/cache/index2.p… + images.app.goo.gl/VugSvHvCtsCdXs… + archive.wikiwix.com/cache/index2.p… + archive.wikiwix.com/cache/index2.p… + ina.fr/ina-eclaire-ac… + ouest-france.fr/sante/il-y-a-c… +